Fabrication d'une carte
Fabrication d'une carte
Plusieurs personnes travaillent à l'élaboration d'une carte : le géographe qui lève la carte (c'est-à-dire qu'il établit les relevés sur le terrain ou dans son cabinet), ceux qui gravent la carte (le trait, la lettre, l'ornement) et celui qui l'édite.
Les différentes techniques de fabrication des cartes géographiques anciennes
Les gravures
La gravure désigne l'ensemble des techniques d'impression d'images produites en plusieurs exemplaires à partir de divers supports : bois, métal (le plus souvent du cuivre) ou pierre. Ce support est travaillé directement à la main. Ensuite, il est encré puis passé sous une presse transférant ainsi sa charge d'encre sur une feuille de papier ou un autre support pour être reproduit. Le résultat final rendu sur la feuille est appelé "estampe".
Le premier support utilisé pour la gravure est le bois. A la fin du XIVe siècle, la xylographie, appelée aussi "gravure sur bois", se développe en Europe. Le mot "xylographie" vient du grec xylos signifiant "bois", et graphein "gravure". Dans cette gravure en relief, le graveur creuse autour du motif destiné à être imprimé sur un bloc de bois à l'aide d'outil comme un gouge (ciseaux à bois). Le dessin apparaît ensuite en relief sur le support de bois. Le bois est alors encré et passe à la presse pour être imprimé en plusieurs exemplaires. Cette technique permet une diffusion de la « Géographie » de Ptolémée.
Dans le cadre de la gravure sur métal, le graveur creuse la plaque métallique et verse l'encre dans les creux ainsi formés. Cette technique est appelée "gravure en creux" ou "en taille douce". Au XVIIe siècle, la technique couramment employée est la gravure sur cuivre, permettant de faire apparaître les détails de la topographie. Le graveur utilise un burin (outil de gravure), ou, de plus en plus, de l'eau-forte (acide), éventuellement couplée d'une pointe sèche. Les procédés de gravure sont ainsi soit directs - le graveur attaque directement le métal à l'aide de différents outils (burin, pointe sèche) -, soit indirects - le graveur après avoir dessiné à la pointe le motif arrose la plaque de métal d'acide.
Le choix du cuivre est extrêmement important pour la qualité d'une gravure et sa durée. Le cuivre rouge est meilleur pour la gravure et adhère mieux au burin. Au XVIIe siècle, les grands fournisseurs de cuivre pour la gravure sont les Tardieu, chaudronniers-planeurs.
Le papier a également une grande importance dans le tirage des cartes. On use habituellement de papier velin et de papier ordinaire. L'impression est de meilleur qualité sur papier un peu épais, collé se prêtant mieux à l'enluminure.
La lithographie
Au XIXe siècle, la lithographie est également utilisée pour les cartes géographiques. Il s'agit d'une technique d'impression à plat inventée par Aloys Senefelder en 1796. Elle est plus facile à réaliser que les gravures sur bois ou métal car il ne s'agit pas au sens strict d'une gravure, mais d'un dessin sur pierre. Alors qu'il fallait précédemment un dessinateur pour dessiner la carte, puis un graveur pour la graver, le lithographe dessine directement sur la pierre à l'aide d'un crayon ou d'une craie grasse ; la pierre est ensuite encrée, l'encre n'adhérant que sur le trait, puis est placée sous la presse lithographique. La pierre peut être réutilisée après l'impression grâce à un polissage.
L'enluminure
L'école de l'édition cartographique flamande (du XVIe au XVIIe siècle) est aussi celle de l'enluminure. La carte est conçue à l'image de la métaphore choisie par Petrus Apian comme une « Painture et imiage de la terre ».
L'enluminure reste discrète dans les atlas français jusqu'au milieu du XVIIIe siècle, se bornant à un rôle informatif (soulignement des divisions politiques et administratives, contours de littoral, forêts en vert...). Dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, l'édition cartographique française connaît un essor avec la production d'atlas et un renouveau de l'enluminure, avec des éditeurs comme Dezauche ou Desnos.
Les cartes étaient souvent enluminées : on appliquait au pinceau sur l'estampe des couleurs en détrempe avec de la gomme. Cette peinture était souvent faite par les femmes, travaillant à domicile, payées à la pièce. Des hommes également exerçaient ce travail, qui était un véritable métier mais peu considéré, même si des artistes de renom réalisaient parfois des enluminures, par exemple Abraham Ortélius et le peintre Marcus Gheeraerts.
L'enluminure des cartes se fait selon trois méthodes : par teintes plates, teintes fondues ou par trait simple. Par teintes plates, le coloriste couvre toute la surface d'un évêché par des couleurs pures et légères ; c'est la manière des éditeurs de Hollande. Par teintes fondues, l'enlumineur pose avec un premier pinceau un trait de couleur, adouci ou affaibli avec un autre pinceau chargé d'eau pure. Le coloris en trait simple consiste à appliquer des couleurs le long des points gravés indiquant les différentes juridictions.
Le rôle de l'enluminure a une double fonction, esthétique avec les décors, et de distinction des limites de territoires, des éléments de paysages, des contours de littoral... Les couleurs qui sont attribuées à ces éléments doivent être « aussi proches que possible de la vie ».
Sélection de cartes enluminées
Titre : Clermont, Feuille 110, n°52 |
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Titre : Gouvernements généraux de la Marche, du Limousin et de l'Auvergne |
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Titre : Gouvernements généralités du Lyonnois et d'Auvergne |
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Titre : Carte Chorographique de la Généralité d'Auvergne Divisée par Elections Les montagnes et les collines sont colorées en marron, les reliefs sont estompés, les bois figurent en vert, les limites des départements sont tracés en rouge et jaune.
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Titre : Puy-de-Dôme Cette carte est colorée et illustrée de produits d'Auvergne : pâte d'abricot, fruits, chandelles. Une couronne de lauriers figure avec les noms de Lafayette, d'Assas, Pascal, Thomas, Delille et Desaix. |
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Titre : Carte generalle des Montagnes de la Haute Auvergne
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Titre : Gouvernement général du Lyonnois Les montagnes et les collines sont figurées en taupinières, les forêts figurent en vert, les reliefs sont estompés, les limites des provinces sont coloriées : Lyonnois, Fore, Beaujolois, Bourbonois, Auvergne, La Marche, Nivernois... Quelques villes importantes sont coloriées en rouge. |
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Titre : Limania Cette carte est rehaussée de couleurs indiquant le relief, elle a été aquarellée à la main. Les montagnes sont figurées en taupinières, coloriées en bistre, ombrées à l'Est, des rivières et lacs sont en bleu, les forêts en vert et l'encadrement en jaune. Les villes et villages sont mentionnés et coloriés en rouge. |
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Titre : Les Provinces et gouvernements du Lionnois Cette carte représente des blasons colorés selon les règles traditionnelles des couleurs héraldiques : Blasons d'Auvergne, du Bourbonnois, du Baujelois, du Lionnois et du Forez. Les forêts sont colorées en vert, les reliefs et les montagnes sont estompés. Les chemins et les routes ne sont pas représentés. On voit les traits et les couleurs pour l'indication des provinces : Bourbonnois, Auvergne, Berrri... |